Spectacle musical "Valise d'absurdités"
Jeudi dernier, l'atelier de théâtre et le groupe de chant russe en Lansad ont présenté leurs performances à l'Amphidice en présence de nombreux spectateurs. Le spectacle a été joué avec beaucoup de vivacité, d'ingéniosité et d'humour. La pièce de Ludmila Petrouchevskaïa "Чемодан чепухи" que nous avons choisie avec Génia Konstantinova pour cette année est un conte, un conte pour enfants, mais aussi pour adultes (Сказка ложь, да в ней намек...). De plus, c'est un conte musical. Le groupe de chant - dix personnes sous la houlette d'Aliona Caldarone - ont interprété avec brio quelques chansons qui servaient tantôt d'un cadre lyrique de l'action ("На фоне Пушкина снимается семейство" de Boulat Okoudjava), tantôt d'une illustration épique (la chanson des brigands de "Бременские музыканты") ou d'une paraphrase philosophique à la fin du spectacle ("Une ancienne chanson norvégienne" d'Alexandre Soukhanov). Ce qui m'a frappé surtout, c'est une bonne distribution de rôles (dans le mille!). Tous les comédiens ont fait preuve d'ingéniosité et de justesse en créant leurs personnages: Catherine, Alexandre, Leslie, Nicolas, Svetlana, Irina et, bien sûr, Anna dans le rôle du Filou, impossible de l'oublier avec sa perruque vermeille! La mise en espace était parfaite (Bravo, Génia: l'héritage de Franck Zerbib est parfaitement conservé!).
Impressionnée par le spectacle, j'ai relu la pièce de Ludmila Petrouchevskaïa. En fait, la pièce a été écrite en 1975, en pleine période de "stagnation" avec tous les "appas" de la vie quotidienne à la soviétique: des queues et des attentes interminables un peu partout, le manque du professionnalisme dans toutes les sphères d'où les photographes qui font des portraits que les clients jettent à la poubelle, les tailleurs qui fabriquent des robes importables, les caissiers qui ne sont jamais à leur place. La dramaturge pousse tout jusqu'au grotesque, sa figure de style préférée, en créant ainsi son théâtre de l'absurde soviétique ("Чинзано", "Любовь", "Бифем", etc.). Dans un monde de l'absurde sans issue, il est tentant d'introduire un personnage surnaturel qui pourrait corriger ce chaos et même punir les coupables (pensons à Voland dans "Maître et Marguerite" de Boulgakov). La magicienne de Petrouchevskaïa, mi-méchante, mi-gentille, devient victime de ses "vacheries". Et tout recommence dès le début. Фотограф щелкает, а птичка опять не вылетает...
Quelques mots sur le groupe de chant russe que nous avons créé cette année en Lansad. Les chanteurs ont interprété au total sept chansons avec beaucoup de sens artistique et de virtuosité: excellent travail d'Aliona Caldarone avec les étudiants très motivés et amoureux de la chanson russe!
Je me félicite (надо и себя похвалить, в конце концов!) d'avoir proposé cette pièce, si riche sur le plan linguistique et esthétique, de Ludmila Petrouchavskaïa ainsi que deux chansons de Boulat Okoudjava et d'Alexandre Soukhanov (les chansons de bardes, c'est mon idée fixe!). J'espère que l'année prochaine, les deux groupes se maintiendront et la culture russe sera toujours présente sur le campus.
Voir les photos:
http://amphidice.free.fr/Valise100311/index.html